« Vous êtes en apnée, vous ne respirez pas. » Voici ce qu’un médecin m’a dit il y a quelques années alors que j’étais au bord de l’épuisement. Sur le moment, je n’ai pas bien décodé cette information car selon moi, je respirais normalement. Ce n’est qu’au cours de mes études de naturopathie que j’ai approfondi la question ; j’ai compris l’importance d’apprendre à bien respirer pour l’équilibre global du corps. J’ai eu la chance de recevoir les enseignements d’Aymeric Allard, kinésithérapeute de formation, ancien coach de l’équipe de France d’apnée et passionné par les techniques respiratoires depuis 30 ans. Découvrez dans cet article l’interview que j’ai réalisé avec lui dans lequel il livre son parcours et son expérience, sources d’inspiration pour ma pratique de naturopathe.
Comment as-tu été amené à t’intéresser aux médecines complémentaires ?
J’ai été touché par un cancer du sang à l’âge de 20 ans. Après deux ans de traitements lourds, je me croyais guéri mais j’ai malheureusement rechuté quelques années plus tard. C’est à ce moment là que j’ai commencé à m’intéresser à d’autres médecines pour me donner un maximum de chances de guérir définitivement. La médecine allopathique ne m’apportait pas toutes les réponses que j’attendais. Curieux de nature, j‘avais besoin d’en savoir plus sur les moyens de fortifier mon corps durablement. J’ai alors essayé de nombreuses formes de thérapies dites « non conventionnelles » ; je voulais expérimenter et constater par moi-même et j’ai connu alors des résultats exceptionnels avec un impact concret sur ma santé et mon énergie.
Quelle a été ton expérience personnelle de la respiration ?
Depuis l’enfance, je ne respirais pas bien car mon nez était tout le temps encombré. Lorsque j’ai commencé à supprimer les produits laitiers, cela a été une révélation : j’ai retrouvé une respiration normale. J’ai compris l’influence directe de l’alimentation sur mon bien-être. J’ai par ailleurs commencé des exercices de respiration et je me suis rendu compte que cela a fait disparaître ma sinusite chronique, et qu’enfin j’arrivais à respirer par le nez. J’ai amélioré aussi ma concentration et ma confiance en moi. Je souffrais également de crises d’angoisse, qui ont disparu avec des techniques respiratoires du type rebirthing. Cependant, il suffisait que je relâche mes efforts pour que je me sente moins bien. J’ai cherché à comprendre comment je pouvais changer ma respiration de façon définitive, en influençant mon réflexe respiratoire.
Ma quête s’est orientée aussi vers la compréhension des mécanismes protecteurs de la santé et du lien entre corps et esprit. Apprendre à bien respirer est devenu mon principal sujet d’intérêt car j’ai expérimenté les bénéficies de la respiration sur mon état général. Je me suis concentré sur le diaphragme, qui joue un rôle clé sur l’équilibre global. Lorsqu’il est bloqué, nous sommes oppressés et maintenus dans le mental ; lorsqu’il est détendu, il y a une décontraction totale de l’organisme qui lâche prise.
Peux-tu expliquer le rôle du diaphragme ?
C’est un muscle qui se contracte environ 20 000 fois par jour pour apporter l’oxygène à toutes nos cellules. Les mauvaises postures, le stress et les tensions émotionnelles entravent son bon fonctionnement. Apprendre à bien respirer permet d’améliorer son fonctionnement et quand celui-ci est optimal, le retentissement est très puissant sur le bien-être tant physique que psychique et émotionnel.
Nous recommandons souvent en naturopathie la cohérence cardiaque. Que penses-tu de cette méthode ?
Cet outil est intéressant mais il est limité. La respiration doit être adaptée à la physiologie de chaque personne, les temps d’inspiration et d’expiration, soit 5 secondes chacune, tel que promus par la cohérence cardiaque ne conviennent pas à tout le monde. Cette technique peut être utile pour commencer à apprendre à bien respirer mais elle ne reflète pas, selon moi, la respiration physiologique, dont l’expiration est deux fois plus longue que l’inspiration, avec une petite apnée respiratoire poumons vides.
Ma méthode consiste à libérer le diaphragme plus que de contraindre le corps et c’est mon objectif quand je reçois mes patients. Ce qu’il m’importe est de leur redonner l’automatisme d’un souffle long et fluide. Dans les sociétés occidentales stressées, la respiration est thoracique, avec un réflexe premier d’inspirer ; chez les orientaux, c’est l’inverse, ils expirent avant d’inspirer car ils sont davantage dans le lâcher-prise. Il est essentiel d’expirer le plus longtemps possible, c’est bien le message clé que je souhaite faire passer.
Quels conseils pourrais-tu me donner pour inciter mes clients à apprendre à bien respirer ?
J’ai un secret : je conseille aux personnes que je soigne ou que je forme de souffler, souffler et encore souffler. Voici la conclusion formidable de trente années d’expérience et de travail (rires). Souffler, c’est vider la corbeille émotionnelle au quotidien et c’est crucial pour se recharger. Aujourd’hui, la société agit à l’opposé et cela explique le trop-plein psychique. Cette technique a l’avantage de se pratiquer partout et à n’importe quel moment, elle est simple et ô combien efficace.
Pour finir, quels sont tes projets en cours ?
Je commence tout juste un nouveau documentaire sur le pouvoir de la respiration dans lequel je pars à la rencontre de personnes qui ont expérimenté les miracles de cette technique. J’ai aussi à cœur de poursuivre mon exploration du lien corps et esprit et du véhicule représenté par la respiration qui nous donne accès à d’autres dimensions de l’être.
Pour découvrir le 1er film d’Aymeric Allard, visitez le site de son association, La vie d’abord, créée pour aider les malades atteints d’un cancer.
Acquérir une respiration libre m’a permis de me reconnecter à mon instinct ; si j’ai utilisé le fil conducteur de la moto, c’est parce qu’elle incarne le symbole de liberté. Une respiration bloquée nous enchaîne et nous empêche de libérer notre potentiel. J’ai compris que l’on bridait la puissance d’une moto juste en diminuant son entrée d’air et me concernant c’est pareil …Libérer la respiration permet de vivre notre vie à 100 % et de ne plus survivre.
Cette courte vidéo vous en donne un aperçu.
« C’était écrit », je le crois aussi … Merci pour l’énergie que tu insuffles !
(Entretien réalisé en novembre 2023)