L’équilibre acido-basique est une notion bien connue des naturopathes. Il joue un rôle clé dans la santé globale ; mais il est fortement menacé par les modes de vie. Lorsqu’il est rompu, il y a surplus d’acides, et un risque de problèmes sérieux. Dans cet article, je prends un angle particulier en abordant la relation entre acidité dans le corps et inflammation et propose des pistes pour y remédier, en priorité alimentaires.
Quelques notions sur l’acidité tissulaire
La présence d’acides dans l’organisme n’est pas inquiétante jusqu’à un certain stade puisque l’organisme par son fonctionnement accueille et produit des acides. Tant que les quantités restent faibles, il sait les neutraliser et les évacuer. Mais de nos jours, c’est de moins en moins le cas ; ils sont trop abondants, à commencer dans notre assiette, ce qui nuit aux capacités de traitement et de neutralisation du corps. Celui-ci dispose en effet d’un système de défense, appelé pouvoir tampon, permettant d’encaisser l’arrivée d’acides, mais lorsqu’il s’essouffle, le déséquilibre acido-basique évolue vers le trouble plus sévère d’acidose ou d’acidose toxique. Il y a alors débordement ; les excès ne sont pas éliminés et sont stockés dans les tissus. Ils deviennent une source de toxémie néfaste, pouvant entraîner des maladies graves à long terme.
Cette notion remonte à très loin puisque le médecin grec Hippocrate y faisait déjà référence dans l’Antiquité. « Certainement l’acide est-il le remède le plus nuisible de tous les états des humeurs », enseignait-il, les humeurs étant constituées du sang, de la lymphe et du liquide intra et extra-cellulaire (70 % environ du poids corporel). Et ce médecin n’évoluait pas dans notre environnement confronté à l’omniprésence de sources endogènes et exogènes d’acides. Que penserait-il aujourd’hui ?
Au 20e siècle, Dr Catherine Kousmine, qui s’est intéressée au cancer et à la sclérose en plaques, avait bien cerné le problème en déclarant à son tour :
« Dans notre mode de vie actuel, où nous sommes trop sédentaires, mal oxygénés, nourris d’aliments très appauvris en catalyseurs divers, il est courant de voir des troubles de santé dus à une accumulation d’acides. »
Les principales causes du déséquilibre acido-basique
- Le trop-plein d’apports en acides via les aliments, en particulier les protéines animales, les céréales, le sucre raffiné et les produits industriels ;
- des carences en vitamines et oligo-éléments qui limitent le pouvoir de transformation et de neutralisation des acides ;
- la faiblesse des glandes digestives, pancréatiques et hépatiques, qui entraîne une mauvaise alcalinisation du bol alimentaire arrivant de l’estomac ;
- la fatigue et le surmenage ;
- le stress ;
- la sédentarité et le manque d’oxygénation, qui réduisent les capacités d’évacuation des poumons et des reins, essentiels dans la gestion des déchets acides.
Les symptômes d’une acidose
Avant de parler d’acidité dans le corps et d’inflammation, penchons-nous sur les symptômes. L’acidose est peu connue d’une manière générale ; mais les naturopathes sont vigilants, car elle conduit à un affaiblissement du terrain. Elle se traduit par différents troubles et inconforts, qu’il vaut mieux écouter avant qu’ils ne dégénèrent en problèmes de santé plus sévères. D’autant plus que même à un stade peu avancé, l’inflammation est souvent présente, à prendre aussi au sérieux.
En consultation, lorsque je déroule le questionnaire du bilan de vitalité, j’ai en tête les indices qui permettent de repérer un terrain acidifié. Ceux qui m’alertent sont les suivants : ongles fragiles, cassants et/ou striés, gencives enflammées, cheveux ternes ou tombants, répétition de maladies en « ite » (sinusite, tendinite, arthrite, rhinite…), peau sèche, douleurs articulaires, irritation nerveuse, sensibilité aux infections, manque d’énergie chronique… Je les recoupe avec le mode de vie et l’analyse des habitudes alimentaires. Dans au moins 50 % des cas, je conclus à une acidose.
Quelle relation entre acidité dans le corps et inflammation ?
Je fais référence précédemment aux maladies en « ite » qui indiquent une inflammation. L’acidose favorise cet état. En effet, lorsque l’organisme se retrouve au contact d’acides dont l’action est agressive, abrasive et corrosive sur les tissus et les muqueuses, il peut développer une réaction inflammatoire. Celle-ci est d’une intensité variable selon le degré de sensibilité et de résistance de chacun et peut au départ passer complètement inaperçue. Cependant, à long terme sans correction des déséquilibres, elle s’amplifie et finit par se manifester de façon palpable. En prenant le cas des intestins, les muqueuses sont agressées par une alimentation acidifiante et deviennent poreuses, laissant passer dans le sang des substances reconnues comme indésirables, installant une inflammation chronique.
La corrélation entre acidité dans le corps et inflammation apparaît comme relativement évidente et elle est d’ailleurs de plus en plus prise en compte par les scientifiques dans leurs recherches sur l’effet de l’alimentation sur l’inflammation.
Et qu’en est-il de l’immunité ? Elle pâtit d’un état inflammatoire non contrôlé. Et il est intuitif de comprendre qu’en cas d’agression d’acides en continu, les organes du système immunitaire sont sursollicités et voient leurs défenses s’affaiblir. En conséquence, les infections se répètent et surviennent sur les organes les plus touchés par l’afflux d’acides.
Priorité donnée à l’alimentation pour rétablir l’équilibre acido-basique
Hippocrate déclarait aussi ceci : « Les aliments et boissons que nous ingérons sont des correctifs des humeurs et des uns des autres ». Il voulait dire par là que le caractère acidifiant des aliments pouvait être annulé par ceux alcalinisants au même repas, préservant ainsi les réserves organiques du corps.
Nous pourrions adopter ce principe pour réduire l’acidité dans le corps et l’inflammation, mais les sources alcalines sont insuffisamment intégrées à nos menus. Il est donc préférable de chercher en priorité à réduire les sources d’acidification, notamment :
les protéines (animales et végétales), les aliments ultra-transformés, le sucre, les céréales, les excitants (dont le café à haute dose), les fruits acides (agrumes par ex.), les fruits doux (en excès), certains légumes (dont la tomate).
Ils ne doivent pas être complètement supprimés (nous avons besoin de protéines) mais ils seront consommés avec modération.
En parallèle, les apports en aliments basiques seront augmentés, en priorité les légumes verts ou colorés aux vertus alcalinisantes. On peut miser aussi sur les pommes de terre, la banane (le seul fruit 100 % alcalin), l’amande, la noix du Brésil, le maïs, la châtaigne, certaines herbes et épices…
D’autres leviers existent pour réduire l’acidité dans le corps et l’inflammation.
Boire beaucoup d’eau, réduire le stress, respirer et se dépenser pour éliminer sont essentiels. La prise de minéraux en compléments alimentaires (à base de calcium, potassium, magnésium, etc.) est une option possible pour soutenir la reminéralisation. Si la vitalité de la personne le permet, je peux proposer de drainer les acides en stimulant les reins et la peau grâce aux incroyables plantes médicinales. Je suggère également des méthodes de sudation pour faire remonter des profondeurs tissulaires les acides par la peau ; ma technique favorite est le sauna que je pratique moi-même chaque mois comme un rituel de bien-être. Je ressens un bénéfice global et une détente, tant physique que psychique. Et ma peau respire la santé !
Pour finir : nous ne sommes pas tous égaux face au risque d’acidose
Les aliments alcalinisants ou basiques sont alcalinisants pour tous, ceux acidifiants le sont aussi pour tout le monde mais l’effet des aliments acides dépend du pouvoir oxyphorique du corps, autrement dit sa capacité de transformation. Chez certaines personnes faibles sur le plan métabolique, le citron par exemple restera acide dans l’organisme et ne sera pas transformé en une base. Chez d’autres constitutions qui métabolisent bien les acides (notamment les sanguino-pléthoriques définis par la naturopathie), le fruit sera oxydé et libèrera ses bases minérales. Dans ce cas, il sera bénéfique à l’équilibre acido-basique. À partir de cette information, vous comprendrez pourquoi boire un jus de citron tous les matins dans de l’eau tiède ne convient pas à tous. Ce réflexe entretient l’acidité dans le corps et l’inflammation chaque jour. Je le précise volontairement car cette habitude est fréquente, alimentée par les conseils de la presse santé et féminine.
Cet article a peut-être fait émerger des questions sur votre état de santé ? Je l’ai écrit pour sensibiliser plus que pour inquiéter. Il est rassurant de savoir qu’il existe des solutions pour restaurer l’équilibre à condition d’être prêt à changer son style de vie. Je précise que les symptômes décrits ne caractérisent pas exclusivement l’acidose ; mieux vaut vous rendre chez un professionnel pour établir un bilan. Le naturopathe maîtrise très bien cette notion et saura vous guider !
2 réflexions sur “Acidité dans le corps et inflammation : comprendre et agir”
Bravo Florence
Au plaisir de te revoir
Merci Nadia ! cet article doit te rappeler des souvenirs de notre enseignement à l’INH !