La santé n’est pas uniquement l’absence de maladie. La naturopathie revendique cette vision, en cultivant l’art d’être en bonne santé, dans une approche touchant à tous les plans de l’être. Dans cet article, je rappelle que bien s’alimenter, se reposer, se purifier, bouger, se relier à la nature représentent des leviers simples et naturels pour entretenir notre capital vital. J’accorde aussi une place spéciale à l’ouverture spirituelle, tout aussi importante pour l’épanouissement humain.
Se nourrir sainement : une priorité absolue
Être en bonne santé implique une dose quotidienne d’énergie vitale, qui passe avant tout par une alimentation saine. Voici dans les grandes lignes les réflexes à adopter en routine : de bonnes sources de protéines (on limite surtout la viande rouge et le lait de vache), des légumes (crus et cuits) à chaque repas, 2 à 3 fruits par jour, le sucre et les graisses saturées en quantité très raisonnable, le moins possible de faux aliments dits ultra-transformés et entre 1 et 1,5 litre d’eau pure par jour. Dans mon article sur la journée alimentaire type, vous retrouverez dans le détail ces informations.
Pour maximiser le capital des aliments, privilégiez les produits frais, de saison, en provenance de l’agriculture biologique ou des producteurs locaux dont vous connaissez les méthodes d’exploitation. En allant à leur rencontre, dans les marchés par exemple, vous repartez avec leur énergie, celle du plaisir qu’ils ont à s’occuper de leur terre et de leur élevage.
Manger sainement doit rester un plaisir ; il ne s’agit pas de créer des privations préjudiciables pour le moral (et donc la santé). Il existe une règle, celle des 80/20 qui prône une alimentation sérieuse pour 80 % des repas et le lâcher-prise pour les 20 % restants. Vous pouvez vous faire plaisir en mangeant plus librement environ 3 fois par semaine (et sans culpabilité).
Etre en bonne santé en se détoxifiant régulièrement
C’est l’un des leviers privilégiés par la naturopathie pour renforcer le capital vital. Les techniques de purification sont particulièrement efficaces pour limiter l’encrassement du corps. Le but est d’évacuer un maximum de polluants, à savoir :
- les toxines, issues de notre propre métabolisme (activité cellulaire, digestion, respiration…) ;
- et les toxiques, d’origine exogène (alimentation, médicaments, produits chimiques de toutes sortes, eau, tabac, métaux lourds…)
Difficile d’échapper à ces sources d’intoxications, même avec des comportements de santé sains. Nous sommes tous concernés, mais plus ou moins tout de même. Il est évident que leur niveau dépend de l’ampleur des déchets accumulés (et donc de la qualité du mode de vie) et de nos capacités d’élimination naturelle assurées en première ligne par le foie, les intestins et les reins.
Quoiqu’il en soit, être en bonne santé demande de se purifier régulièrement. En négligeant cet aspect, on prend des risques pour son bien-être. Le médecin Hippocrate expliquait déjà à son époque à partir de sa théorie des humeurs, que la maladie découle d’un état d’encrassement et de stase des liquides corporels (les humeurs) que sont le sang, la lymphe, la bile et les liquides intra et extra-cellulaires. La détox permet le grand « ménage » intérieur, à faire en priorité au printemps et avant l’automne, avec l’aide de plantes puissantes qui stimulent les organes éboueurs. Si vous tentez cette expérience, après 3 ou 4 semaines d’efforts, vous vous sentirez revitalisé et fier d’avoir relevé le défi.
L’approche est toujours personnalisée pour s’adapter au terrain et à la force vitale de chacun. Le naturopathe est là pour conseiller le bon mode d’emploi de la cure.
Se reposer pour préserver les réserves d’énergie nerveuse
Pour être en bonne santé, sans surprise, des temps de repos et de détente sont incontournables (en plus d’un sommeil suffisant et réparateur). Le stress est l’un des fléaux du monde actuel et il devient délétère quand il s’installe dans la durée. Il est difficile de le supprimer, mais s’en écarter est complètement possible. Pour couper avec le quotidien et relâcher les tensions, les opportunités sont multiples : on peut marcher, méditer, respirer, jardiner, lire, rêver en buvant un thé, ne rien faire, réaliser un rituel de bien-être, faire la sieste, aller à un spectacle, jouer à des jeux de société, etc. Pour en profiter pleinement, ces moments de relaxation doivent être vécus consciemment ; les écrans n’en font pas partie. La régularité prime également pour maintenir le corps dans un état tenable sur le plan de la fatigue et du stress. Et quand il sonne l’alerte, il est temps de faire une pause. Ecouter est alors la meilleure chose à faire.
Être en mouvement pour se revitaliser
Certains pratiquent du sport plusieurs fois par semaine quand d’autres marchent en forêt ou s’adonnent à de la danse libre ou du yoga. Le mouvement remet en circulation les énergies, détend, active différents paramètres physiologiques, organiques et psycho-émotionnels. Pour prendre l’exemple du sport, une séance stoppe les pensées, défoule, libère des hormones de plaisir et procure rapidement une sensation de bien-être. La marche est l’activité indispensable à intégrer dans son quotidien, en plus de tout le reste ou à défaut. À pratiquer au moins 30 minutes par jour et si possible au contact de la nature pour profiter de son pouvoir vivifiant. Je parle ici d’une vraie marche (les courses au magasin comptent à peine). Son effet est profond et redonne presque instantanément de la vitalité.
Retrouver le contact avec la nature
Penchons-nous maintenant sur la relation avec la nature. Nos ancêtres vivaient en proximité directe avec elle, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui pour une grande partie de l’humanité. Et pourtant, c’est une alliée précieuse pour être en bonne santé ; elle calme le système nerveux, réduit la production de cortisol (hormone du stress), améliore la concentration, nous fait profiter d’ions négatifs énergisants. Selon les chercheurs, deux heures par semaine d’immersion en pleine nature suffiraient à améliorer notre vitalité. Au Japon, les « bains de forêt » ou shinrin-yoku, consistant à s’immerger pendant plusieurs heures en forêt, sont très populaires ; ils sont réputés pour leurs atouts sur la santé, d’où leur succès croissant un peu partout dans le monde.
Si ce lien avec la nature est positif pour l’homme, c’est parce qu’il s’y sent revivre, puisqu’il renoue avec son milieu d’origine (même s’il n’en a plus conscience). Je fais référence ici à la biophilie, un principe qui traduit l’affinité intrinsèque de l’individu pour le vivant et toutes les formes naturelles (fleurs, arbres, eau, lumière…). Ce besoin de connexion est en nous et dès qu’il est satisfait, les mémoires primaires se réveillent et le bien-être s’établit. Nous redevenons légers et heureux.
Pour vous recharger encore plus en énergie saine, vous pouvez tester le earthing, un concept qui consiste à se relier à la terre en prenant l’habitude de marcher pieds nus, idéalement au contact de surfaces naturelles (eau, herbe, terre, sable…).
S’ouvrir à la spiritualité pour se nourrir autrement
Ce sujet est très vaste et difficile à résumer. Il est peu abordé quand il s’agit de santé et c’est bien dommage. C’est pourquoi j’ai souhaité rendre compte ici de sa valeur.
Chacun considère et vit la spiritualité à sa façon et il y a mille manières de le faire. C’est un thème relativement sensible, car associé dans les esprits aux croyances religieuses alors que cette quête est plus simple qu’on ne l’imagine. La spiritualité ne relève pas nécessairement d’une pratique religieuse, mais d’une attention tournée vers l’intérieur de nous-même qui nous ouvre à de nouvelles perceptions. Nul besoin de partir en Inde dans un ashram ; elle peut se ressentir à de nombreuses occasions, après une séance de yoga, un massage, une méditation, une prière, un chant, une contemplation de la nature et elle aide au processus de guérison intérieure, par une reconnexion au centre de l’être. Elle nous invite dans un lieu de paix qui apporte davantage de compassion, de générosité et d’entraide pour soi et les autres. La vie intérieure qu’elle favorise nous enrichit d’une autre forme de nourriture bonne pour la santé.
Le cancer témoigne d’une vision intéressante sur ce sujet ; et en tant que naturopathe spécialisée dans l’accompagnement du cancer, je suis amenée parfois à aborder le sens spirituel de cette épreuve lors de mes consultations. Selon Kelly A. Turner [1], si la personne ne se voit qu’à travers un corps physique qui est malade ou a été malade, elle est focalisée sur son affection et ne parvient pas à regarder la vie autrement. À l’inverse, si elle comprend que le corps est aussi spirituel, elle entrevoit des horizons beaucoup plus larges, bien au-delà de l’expérience matérielle et physique. Un autre chemin devient possible et fait venir à elle une force d’âme féconde pour mieux vivre la maladie et son rétablissement.
Je reste pour autant lucide : la plupart des personnes n’ont pas de pratique spirituelle régulière. Certaines sont ouvertes naturellement quand d’autres ne s’y intéressent pas ou sont fermées. Il faut dire aussi que le monde dans lequel nous vivons nous en détourne. La spiritualité n’est ni importante ni valorisée. La société est tournée constamment vers l’action et la consommation, ce qui n’est pas un problème fondamental sauf quand ces valeurs deviennent la norme. L’omniprésence des écrans en continu a en plus accentué l’éloignement entre l’homme et sa nature profonde. Et un jour, la maladie survient pour rappeler que l’âme existe à celui qui l’abrite.
Le retour à la santé est favorisé par le contact avec une autre énergie plus profonde, plus élevée, que nous avons au fond de nous et qui attend notre attention. Il faut, pour cela, faire de la place pour l’accueillir, s’alléger et travailler sur soi, seul ou avec des professionnels qui ont cette sensibilité. Je l’ai moi-même expérimenté et ce n’est pas fini : je peux témoigner que lorsque le mental se calme et que la présence spirituelle s’invite dans la vie, quantité de modifications favorables se produisent sur la santé physique et psychique, que l’on soit malade ou pas.
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J’aurais pu approfondir encore plus l’art d’être en bonne santé tant les ressorts de l’individu sont riches dans ce domaine ; j’ai sélectionné dans cet article quelques fondamentaux qui traduisent évidemment une vision personnelle inspirée de la naturopathie. Je vous propose, pour conclure, de méditer sur cette citation parfaite qui reflète les propos de cet article :
« La santé est notre héritage, notre droit. C’est l’union parfaite entre l’âme, l’esprit et le corps ; il ne s’agit pas d’un idéal éloigné et difficile à atteindre, mais d’un idéal si simple et si naturel qu’il échappe à beaucoup d’entre nous »
Dr Edward Bach
[1] Les 9 clés de la rémission, J’ai Lu